Association Sophrologie Caycédienne du Lyonnais
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Vivre avec son passé


EXTRAITS DU LIVRE DE Charles Pépin : «  Vivre avec son passé « 

 

Pourquoi cette « synthèse «  du livre : il m’a semblé intéressant, pour les sophrologues que nous sommes, d’explorer plus avant notre mémoire, avec l’apport de plusieurs auteurs, dont Charles Pépin a su tirer des enseignements précieux.

« Nous savons que nous existons parce que nous nous souvenons « 

Bergson : « parmi le vaste océan de nos souvenirs, seuls ceux dont nous avons besoin affluent spontanément à notre conscience. La mémoire sert moins à conserver le passé, qu’à se projeter dans le futur. ( tridimensionnalité ).

Nous possédons DES mémoires : Bergson distinguait :

-       La mémoire-souvenir : qui se constitue et s’enrichit au fil de nos expériences de vie, sans effort de notre part ;

-       La mémoire-habitude est le fruit d’un effort de notre part, d’une volonté ; c’est, par exemple, la leçon que nous devons apprendre pour qu’elle s’imprime en nous.

Les neurosciences vont plus loin : elles distinguent 5 mémoires :

1/ La mémoire épisodique : c’est le recueil des souvenirs de notre vécu : ces épisodes prêts à se rappeler à notre conscience pour « nous réchauffer l’âme, nous faire pousser des ailes ou nous filer le blues, ou simplement nous inviter à parcourir notre chemin de vie. La mémoire épisodique est le siège de notre histoire.

Elle ne connaît aucune limite : l’ensemble dynamique que constituent tous les épisodes du passé que nous conservons en mémoire pourra toujours accueillir de nouveaux souvenirs.

Ce n’est pas parce que nous avons « oublié » un souvenir, que nous l’avons perdu définitivement ; tous ces souvenirs sont là, en retrait ; d’une manière ou d’une autre, ils persistent en nous. »  (Bergson)

Un autre élément, important : nous gardons plus facilement en mémoire les émotions douloureuses, souvent associées à la peur, et donc à l’instinct de survie ; elles déclenchent un phénomène de mémorisation hérité de notre phylogénèse : évolution de notre espèce.

« Un souvenir n’est pas une trace mnésique localisée, ni une image enregistrée quelque part, mais une manière dont notre cerveau a été affecté par ce que nous avons vécu ; en outre, le souvenir est reconfiguré : par ce que nous avons vécu depuis, par le contexte présent, par notre état émotionnel « .

( Précision : l’hippocampe retient les faits : c’est la mémoire épisodique : l’amygdale retient les émotions liées aux faits : c’est la mémoire émotionnelle.)

 

2 / La mémoire sémantique :

C’est la mémoire des mots et des idées : « savoir ce qu’est la couleur jaune, que ce fruit à l’épaisse écorce jaune, à la chair juteuse et acide s’appelle un citron, et qu’il appartient à la famille des agrumes, c’est la mémoire sémantique.

«  La mémoire sémantique contient les mots que nous posons sur les objets, les notions, les concepts ; elle contient l’ensemble des connaissances, idées et jugements que nous avons, que ceux-çi soient explicites ou implicites ».

Elle est le siège des croyances limitantes, qui nous amènent à confondre un échec avec une image de soi dévalorisée.

Nous pouvons « garder en mémoire le souvenir de ce que nous avons raté, sans en déduire que nous sommes des ratés, et cela est possible parce que la mémoire sémantique est différente de la mémoire épisodique. »

Les 2 premières mémoires sont localisées dans le lobe temporal médian :

Hippocampe, amygdale ; comme cité précédemment ; nous pouvons modifier les « vérités émotionnelles », qui sont reliées à un souvenir ; il est possible de relire autrement notre passé ; ainsi, nous ne reconstruisons pas notre passé, nous en revisitons le sens.

Nos souvenirs de notre mémoire épisodique ne sont pas des données objectives, ils se « colorent » en fonction des émotions vécues, et du contexte dans lequel ils prennent place.

 

3/ La mémoire procédurale :

« C’est la mémoire de nos habitudes et réflexes, celle qui nous permet de conduire, de faire du vélo, ou plus simplement de nous brosser les dents, sans même être conscients de l’ensemble des gestes et facultés que nous mobilisons ».

C’est le résultat de nos apprentissages, des procédures que nous avons enregistrées ; les gestes s’ancrent en nous, nous les effectuons sans même y penser.

4 ET 5 / Les mémoires de court terme :

Mémoire de travail

Mémoire sensorielle

Notre mémoire de travail est différente de nos mémoires de long terme, essentiellement parce qu’elle ne conserve les informations que sur un court laps de temps : sa capacité de stockage est faible, seuls sept éléments peuvent coexister ; que l’on appelle « empans «.

« L’importance de cette mémoire de travail explique le développement de notre lobe frontal, qui en est le siège : elle s’apparente à une zone de tri, dans laquelle transitent des informations où sont sélectionnées celles qui seront conservées dans la mémoire de long terme ».

Lorsque nous revenons sur un échec, nous sortons le souvenir de cet épisode, de notre mémoire épisodique, le plaçons dans notre mémoire de travail, et nous pouvons le retraiter ( sophromnésies ), en lui donnant un sens nouveau.

Notre mémoire sensorielle : fonctionne sur un temps encore plus court, jusqu’à une seconde : elle capte et enregistre l’ensemble des perceptions nées de notre environnement (nos cinq sens). Ensuite, ces informations vont dans la mémoire de travail, et parfois dans la mémoire de long terme.

Notre passé est le socle de notre identité : « avoir conscience de son passé, c’est avoir conscience de soi ».

L’attitude de rejet de nos souvenirs relève de ce que la psychologie nomme un évitement, ou le processus de refoulement, en psychanalyse ; plus nous essayons de fuir notre passé, plus il nous rattrape.

Ainsi, il nous est difficilement possible d’effacer nos souvenirs : tel épisode va revenir de différentes manières : émotions, idées, images…La trace neuronale des souvenirs est appelée engramme.

Prendre appui sur notre passé :

Bergson synthétise l’idée de ressaisir tout notre passé, pour nous projeter dans l’avenir, sous le concept de « récapitulation créatrice ; il s’agit de s’appuyer sur l’ensemble de notre passé, de décider en portant avec soi « tout son chemin de vie « : récapitulation, et créatrice : nous donnons une orientation nouvelle à notre existence : c’est le principe d’action positive de la méthode sophrologique.

Accueil : réaliser ce que notre passé a fait ce que nous sommes.

Action : décider ce que nous en faisons.

La liberté : « être libre, ce n’est pas n’avoir aucun passé, ni avoir rompu avec lui, mais trouver la bonne manière de le prendre avec soi pour construire notre avenir.

Exprimer sa singularité : retraiter le passé afin d’en désamorcer le caractère toxique : déconstruction de la « vérité émotionnelle », qui nous empêche de bien vivre ; ce qui bloque n’est pas le souvenir lui-même, mais notre vision de la vie, de nous-mêmes, qui constitue nos « empêchements ».

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Thérapies actuelles, et stoïcisme ( Epictète, Sénèque, Marc Aurèle ) :

L’idée est de méditer régulièrement sur nos souvenirs les plus douloureux, pour en désamorcer la violence, la charge affective et émotionnelle. Les stoïciens nous enseignent que, pour vivre en paix, il nous faut consentit à ce que nous ne pouvons pas changer, puisque ce qui s’est passé est et restera, il nous faut apprendre à vivre avec, en changeant, par une pratique méditative volontaire, les sentiments que nous y associons ( sophrosubstitution mnésique).

Autre méthode : «  l’enfant intérieur « : notion bergsonienne de simultanéité : si les différentes couches de notre passé cohabitent toutes ensemble au présent, alors notre enfant intérieur vit en nous aujourd’hui. En lui apportant soin et attention, nous pouvons rebattre les cartes de notre passé.

Notre cerveau émotionnel ne fait pas la différence entre une expérience vécue et une expérience imaginée, elles se confondent dans le cerveau limbique. Ainsi, nous savons à présent que cette zone de notre cerveau, comprenant entre autres l’amygdale, est distincte de l’aire du langage ; mais, par ailleurs, nous savons également que toutes les zones de notre cerveau communiquent entre elles : les mots peuvent être des vecteurs qui permettent d’accéder à des émotions enfouies dans la zonz limbue du cerveau.

En conclusion :

« Aller de l’avant avec notre passé, orienter notre conscience vers les moments positifs : » s’arrêter sur ce qui n’est d’abord qu’un trouble, prendre le temps de nous mettre à l’écoute de ce qui revient, se remémorer : et ainsi le bonheur d’hier peut redevenir présent.

Si nous ne pouvons pas effacer les souvenirs douloureux, nous pouvons les diluer dans notre mémoire épisodique, les recouvrir, les rendre moins offensifs, moins présents, en nous risquant à agir, à éprouver de nouvelles émotions, bref, en plaçant de nouveaux souvenirs sur le devant de la scène de notre mémoire.

                                             ___________________

C’est exactement l’intention qui est à l’œuvre dans la sophromnésie, sous toutes ses modalités : « se tourner vers le passé pour ouvrir les portes de l’avenir, laisser venir à soi tous les possibles ».

 

Jean Michel Léotoing

15 mai 2024

 


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